Cap Nord - 4->7/2010
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Etape 60 : Dimanche 6 juin
Skaidi (N) - Honningsvåg (N)
Voir le parcours sur OpenRunner
Il fait toujours aussi froid et le vent souffle comme jamais encore ce matin. Je mets un temps fou à tout ranger, puis je pars sous la neige qui tombe. Au début, j'ai le vent dans le dos et c'est tant mieux car ça monte plutôt raide. Il y a un col et un plateau à passer avant de redescendre vers la mer. Je suis encore en train de monter lorsqu'une voiture immatriculée en Finlande s'arrête à ma hauteur. La vitre du conducteur se baisse et nous échangeons quelques mots avec ces retraités épatés par ma provenance. Nous repartons chacun dans notre sens après qu'ils m'aient prodigué moult encouragements. Le plateau est similaire à celui passé hier et il neige.
Au bout du plateau, s'amorce une belle descente pour rejoindre la mer à Olderfjord. J'y bats mon record de vitesse en dépassant 68 km/h. Il faut dire qu'il y a une belle pente, que c'est très long et que le revêtement est bien lisse. Autant dire les conditions idéales pour aller vite. Ensuite la route suit le bord de mer et c'est bien plus agréable. D'abord il y a un peu plus de verdure et puis les petits villages de pêcheurs avec des bateaux amarrés, survolés par les oiseaux de mer, donnent un peu de vie au paysage. Par contre, comme je suis descendu, la neige s'est transformée en pluie et ça c'est nettement moins agréable.
Un peu plus loin, une voiture arrivant en sens inverse se gare et la vitre se baisse à mon approche. Je me gare à gauche à côté. C'est un jeune Norvégien avec deux enfants à l'arrière qui est épaté par mon parcours. Il me dit à plusieurs reprises : « vous devez être bien courageux ! ». Il me prodigue ses encouragements puis nous repartons.
Je fais la pause déjeuner à l'abri relatif d'une boutique de souvenirs qui est fermée. Le perron protège de la pluie, mais pas complètement du vent du nord déchaîné. Autant dire que le repas est vite expédié. Je suis content qu'ensuite la route monte un peu pour me réchauffer plus vite.
Quelques kilomètres plus loin, j'aperçois une remorque à vélo sur une aire de repos. Il y a un vélo accroché devant, couché par terre. A côté, je vois deux autres vélos. Sur la remorque, il est écrit : « France Finland Norway ». Je me dis que ce sont probablement des Français. En levant les yeux, je vois une cabane hexagonale qui n'a pas de porte. Je me dis que ceux que je cherche sont sûrement réfugiés là-bas. J'escalade la colline et effectivement je trouve Hugo, Martin, Yoann et le chien Sasha, un husky, réfugiés à l'abri du vent. Je discute une bonne heure avec ces étudiants en vacances, ce qui me permet de me réchauffer un peu. Ils sont partis d'Helsinki, vont comme moi au Cap Nord et prévoient de redescendre la Norvège à vélo. Le chien voyage dans la remorque pour ne pas s'abîmer les pattes sur la route. Ils ont prévu de le faire tirer dans les côtes bien pentues de Norvège. Ils me disent qu'une amélioration du temps est prévue et qu'ils ne sont pas pressés de repartir. Pour ma part, je vise de passer ce soir le tunnel du Cap Nord pour aller au camping d'Honningsvåg, alors je pars sans les attendre.
Je reprends la route et la pluie se calme un peu. Le temps reste toutefois très couvert et le vent ne faiblit pas. Je suis la côte, parfois protégé par les falaises, parfois luttant contre le vent de face selon l'orientation des criques. Puis je trouve un tunnel. Comme il s'est remis un peu à pleuvoir, c'est une aubaine. Dans le tunnel, pas de pluie et pas de vent. En plus, comme il y a peu de circulation, ce n'est pas du tout stressant et l'air est respirable. Ce premier tunnel fait plus de 4 km, la moitié en montée lente, l'autre moitié en descente. Au moment où je sors, il y a un camping-car immatriculé en Tarn et Garonne qui entre. Je leur fais des signes, mais ils ne s'arrêtent pas. Je croiserai plus tard de nombreux camping-cars français, mais aucun ne s'intéressera à moi.
Je passe un second tunnel bien plus petit que le précédent. La route finit par quitter la côte et amorcer une grande montée. Alors que je monte, les Savoyards d'hier soir me croisent. Ils s'arrêtent à ma hauteur pour prendre de mes nouvelles. Ils pensaient que je ne serais pas reparti ce matin avec le temps qu'il faisait. Ils me disent que le tunnel qui passe sous l'eau pour mener à l'île du cap Nord a une pente de 12% et ils se demandent comment je vais monter ça. Je leur réponds que j'en ai déjà monté d'autres aussi dures et qu'il suffit de prendre son mal en patience. Ils me souhaitent bonne chance et repartent.
Finalement, quelques kilomètres plus loin, j'arrive au fameux tunnel. Il fait 6,8 km de longueur. La descente est très rapide et je freine tout le long pour ne pas m'emballer. Un record de vitesse par jour suffit et, bien que ce soit éclairé, la lumière n'est pas suffisante pour prendre un tel risque, d'autant que le revêtement n'est pas des meilleurs. Arrivé en bas, ça remonte d'abord doucement. En fait, les 12% ne sont que sur les deux derniers kilomètres. Ce n'est pas difficile, il faut être patient et ne pas chercher à monter trop vite. Par contre, je suis couvert pour l'extérieur et j'ai vite très chaud. Je retire tout ce que je peux en roulant. Je vois la vapeur d'eau monter au-dessus de ma tête. J'arrive en haut complètement bouillant et en nage. J'appréhende un peu le retour en plein vent. Je suis accueilli par la pluie. Je m'empresse de me recouvrir et ça se passe plutôt bien. Je fais la queue au péage en sortie et le caissier me dit que pour moi c'est gratuit. Je l'avais lu sur internet, mais il faut passer par la caisse pour qu'ils ouvrent la barrière de sortie.
Ensuite, je prends la route du Cap Nord, qui passe par Honningsvåg. Il y a encore trois tunnels, dont le dernier, de 4 km, débouche sur la ville. Le plan situé sur l'aire de repos avant la ville indique un camping près du centre. J'y vais mais je ne voit rien. J'interroge un homme qui rentre chez lui qui me dit qu'il n'y a pas de camping, qu'il faut reprendre la route du Cap Nord et qu'il y en a un 2 km après la sortie de la ville. Finalement c'est à 4 km que je le trouve. Il est en plein vent. Le bureau est fermé, mais l'accès aux sanitaires est libre. Le vent est tellement fort que nous devons nous mettre à trois pour arriver à monter la tente. Le renfort des Italiens qui étaient en conciliabule à la cuisine est le bienvenu. Je suis arrivé tard, vers 21 h, mais j'ai couvert une grande distance aujourd'hui. Demain je pourrai aller au cap et passer une partie de l'après-midi en ville pour organiser la suite de mon voyage.
J'ai parcouru 130,5 km avec 1062 m de dénivelé aujourd'hui, ce qui fait 5048 km avec 31208 m de dénivelé depuis le départ.
Etape 61 : Lundi 7 juin - Le Cap Nord
Honningsvåg (N) - Nordkapp (N)
Voir le parcours sur OpenRunner
Je me réveille à 8 h. Il faut dire que je ne suis pas allé au lit avant 1 h du matin. Il faisait grand jour, même à cette heure là. Je ne suis qu'à 25 km du Cap Nord, mais je veux garder du temps cet après-midi pour retourner à Honningsvåg pour un accès internet et voir comment je peux repartir d'ici en ferry. Je laisse la remorque et la tente au camping. J'attaque la montée un peu après 9h30. La couleur est donnée dès le départ : pente 9%. Encore une fois, c'est une valeur moyenne, ça veut dire que ça peut monter jusqu'à 12%. En plus, il pleut. Le vent est toujours fort même si les rafales ne sont pas aussi violentes qu'hier. La montée est très longue. Ce n'est pas difficile, mais il faut prendre son mal en patience.
Arrivé en haut, la pluie se transforme en neige et plus rien n'arrête le vent qui se déchaîne sur le plateau. La suite est une succession de côtes et de petites descentes. Globalement, ça monte davantage. Régulièrement, un panneau indique la distance restante pour le Cap Nord. Finalement, ce n'est pas si loin, mais il y a beaucoup de montées très pentues et très longues. Certaines sont abritées du vent qui a faibli un peu. Il y a même un soleil timide de temps en temps. Un peu avant d'arriver, je vois une silhouette au loin. C'est une jeune dame qui fait son footing. Je mettrai un temps fou à la dépasser car dans les longues côtes elle va plus vite que moi.
Je finis par arriver au Cap Nord juste après 12h30. Il n'y a pas beaucoup de vent contrairement à ce que j'attendais. Il y a un péage pour entrer sur le site. Même les vélos doivent payer. C'est une grosse affaire commerciale. Hier on m'a dit à Honningsvåg que plus on approche du cap, plus les campings sont chers. Je contourne le gros bâtiment qui loge l'hôtel, le restaurant et la boutique de souvenirs pour rejoindre en vélo le Globe, qui est le monument mythique devant lequel tous les voyageurs se prennent en photo. Je fais une photo au retardateur, mais au moment ou je monte sur le piédestal, un autre homme vient aussi de monter. Une dame très gentiment me propose de me prendre en photo alors que j'y suis seul. Ensuite, un homme s'approche de moi pour me féliciter. Il me dit qu'il m'a vu au camping d'Honningsvåg et qu'il a relevé l'adresse de mon site internet. Je lui donne ma carte de visite et il me serre la main chaleureusement. Au moment où je vais repartir, un homme s'approche et me demande d'attendre pour qu'il me prenne en photo devant le monument.
J'ai parcouru 5073 km pour arriver ici depuis mon départ de Saint-Loup, le 3 avril. L'aller a duré 2 mois et 4 jours, beaucoup moins que ce que j'avais prévu. Cela explique peut-être aussi les conditions météo difficiles que je subis depuis plusieurs jours. Ici, le printemps est à peine commencé.
Je reprends la route sans m'attarder dans cette usine à touristes. Le retour est plus rapide que l'aller. J'ai le vent dans le dos la plupart du temps et il y a moins de côtes dans ce sens là. En plus, elles sont moins raides. Je fais des descentes assez rapides, même si la prudence me fait utiliser les freins plus que nécessaire.
A 15h30, je suis de retour au camping. Je prépare les photos du jour pour pouvoir les mettre sur le site, même si le compte rendu de la journée sera rédigé plus tard. Ensuite, je me rends à Honningsvåg, à 20 mn de là. Je vais droit à l'office de tourisme. En y arrivant, je rencontre un cycliste randonneur allemand. Son vélo n'est pas chargé, mais il a tout l'équipement pour mettre des sacoches devant et derrière. Il est logé à l'auberge de jeunesse qui facture la nuit 50 euros. Nous discutons un bon moment. Il connaît bien la France et il a déjà fait les Pyrénées en vélo.
Ensuite, je vais à l'office du tourisme. L'hôtesse me dit qu'il n'y a pas de ferry entre Bergen et Kristiansand, au Sud. La seule solution qu'elle me propose est de prendre un ferry jusqu'à Bergen et là, de prendre le train. Les trains sont équipés pour prendre les vélos, même mon tricycle et sa remorque. On verra bien à Bergen. Pour le ferry, il y a un départ demain matin à 6h15. En 5 jours je serai à Bergen. Par contre il n'est pas certain qu'une cabine soit libre. On verra ça demain matin. Je vais devoir me lever tôt pour être à 6 h à l'embarquement.
Pour l'accès internet, il y a un accès payant à la boutique d'à côté. Par contre, ils ont verrouillé les accès aux clés USB et je ne peux pas mettre le site à jour. Je mets juste une info sur la page d'accueil et je réponds aux messages. Les trois Français rencontrés hier m'ont écrit. Je ne les rencontrerai sans doute pas car ils ont du passer pour aller au Cap alors que j'étais déjà de retour au camping. Tant pis. A tout hasard, je vais voir à la bibliothèque que j'ai repérée hier en cherchant le camping, mais elle est fermée depuis 14 h. La mise à jour du site attendra encore.
J'ai parcouru 68,7 km avec 1300 m de dénivelé aujourd'hui, ce qui fait 5117 km avec 32508 m de dénivelé depuis le départ.
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